La convergence naturelle entre la robotique et l’intelligence artificielle (IA)
Depuis la nuit des temps, l'homme rêve de créer des machines à son image, dotées d'une intelligence qui leur serait propre. Dans l'Antiquité déjà, Homère chantait les louanges des automates divins, ces merveilles d'ingéniosité forgées par Héphaïstos en personne. Ces mythes fondateurs ont nourri l'imaginaire des siècles durant, inspirant les inventeurs qui cherchèrent à créer des machines automatiques, comme les horloges à automates du Moyen-Âge ou les androïdes du XVIIIe siècle.
Mais c'est en 1950 qu'un tournant décisif s'opère. Dans un article qui fera date, “Computing Machinery and Intelligence”, le visionnaire Alan Turing pose une question aussi simple que profonde : une machine peut-elle penser ? Plus précisément, peut-on concevoir un artefact dont le comportement serait en tout point indiscernable de celui d'un être humain ? C'est le fameux test de Turing, un défi qui va longtemps paraître insurmontable.
Il faudra attendre les années 2010 et l'avènement du deep learning pour que le rêve de Turing commence à prendre corps. Cette technique révolutionnaire, qui s'inspire du fonctionnement même de notre cerveau, ouvre des perspectives vertigineuses. Grâce à des réseaux de neurones artificiels capables d'apprendre par eux-mêmes, les machines deviennent soudain douées de perception, de compréhension, voire de raisonnement. Elles peuvent reconnaître un visage, transcrire la parole, analyser le langage avec une finesse inégalée.
C'est là que la Robotique entre en scène. En intégrant ces modèles d'IA dans des systèmes physiques, on donne littéralement un corps à l'intelligence artificielle. Les robots cessent d'être de simples automates pour devenir des entités autonomes, capables :
Voir et comprendre leur environnement, identifier les objets qui les entourent, comme les pièces à assembler sur une chaîne de production, en étant équipés de caméras et d'algorithmes de reconnaissance d'images.
Planifier et s'adapter, décomposer une tâche complexe en étapes et trouver la meilleure façon de l'accomplir, recalculer leur plan si un imprévu survient.
Apprendre par eux-mêmes, s'améliorer en pratiquant, apprendre le meilleur geste pour saisir un objet, en essayant encore et encore.
Communiquer naturellement, dialoguer avec nous de façon presque humaine en combinant reconnaissance vocale, synthèse de parole et compréhension du langage.
Les applications actuelles de l'IA en robotique
Il y a aujourd’hui une fertilisation croisée assez fascinante entre Robotique et IA. D'un côté, l'IA permet de créer des robots plus performants et plus polyvalents, présents dans l'industrie, la santé et les services. De l'autre, la robotique incite les chercheurs en IA à relever de nouveaux défis : comment interpréter des visuels complexes ? Comment manipuler des objets délicats ?
Industrie
Dans l'industrie, l'IA permet aux robots d'être plus flexibles et adaptables. Prenons l'exemple d'une usine automobile. Les robots d'assemblage sont maintenant équipés de caméras et de logiciels de reconnaissance d'images pour vérifier la conformité des pièces, détecter les défauts et s'adapter aux nouvelles pièces sans reprogrammation. C'est l'apprentissage automatique : le robot apprend par l'expérience, comme un humain.
Les cobots, ou robots collaboratifs, sont un autre exemple. Conçus pour travailler aux côtés des ouvriers, ils détectent la présence humaine grâce à leurs capteurs et IA et ajustent leurs mouvements en conséquence. Ils comprennent aussi les commandes vocales et les gestes, rendant la collaboration plus naturelle et intuitive.
Santé
En santé, l'IA et la robotique sont utilisées de diverses manières. La chirurgie assistée par robot est l'une des applications les plus impressionnantes. Le chirurgien contrôle des bras robotiques précis qui réalisent des gestes minutieux à l'intérieur du patient. L'IA guide ces gestes en analysant les images 3D en temps réel et peut corriger les tremblements du chirurgien. Résultat : une chirurgie plus précise, moins invasive, avec moins de complications et une récupération plus rapide.
Les robots assistent aussi les soignants au quotidien. Des robots mobiles autonomes transportent médicaments, échantillons ou matériel médical entre les services. Guidés par leur IA et leurs capteurs, ils naviguent dans les couloirs, prennent les ascenseurs et interagissent avec le personnel via un écran tactile, libérant du temps pour les soignants.
Restauration
L'IA et la robotique font leur apparition dans les restaurants. Certains établissements utilisent des robots pour accueillir les clients, prendre les commandes et servir les plats. Équipés de reconnaissance vocale et d'interfaces en langage naturel, ils dialoguent avec les clients et font des recommandations basées sur l'analyse des commandes précédentes.
En cuisine, des robots assistent les chefs dans la préparation. Certains cuisinent de manière autonome des hamburgers ou des pizzas, de la préparation à la cuisson. L'IA contrôle chaque étape pour assurer une qualité constante. D'autres robots découpent les légumes, dosent les ingrédients ou assemblent les assiettes, assistant les cuisiniers dans les tâches répétitives pour qu'ils se concentrent sur la créativité et la qualité.
Agriculture
L'agriculture bénéficie grandement de l'IA et de la robotique. Les drones équipés de caméras et d'IA surveillent les cultures. Ils prennent des images aériennes détaillées, analysées pour détecter maladies, parasites ou carences en nutriments. Les agriculteurs peuvent alors intervenir de manière ciblée, réduisant l'usage de pesticides et d'engrais.
Au sol, des robots autonomes désherbent, sèment ou récoltent. Les robots désherbeurs utilisent la vision par ordinateur pour distinguer les mauvaises herbes des plantes cultivées et appliquer précisément de petites doses d'herbicide. Pour les récoltes, des robots cueilleurs reconnaissent les fruits mûrs et les cueillent délicatement. Certains fonctionnent même de nuit, un atout pour les récoltes rapides.